Léviathan, l'histoire véritable.

L'Agora est la place publique située devant l'Arène où tout le monde se retrouve pour discuter des combats. On y dénombre de nombreux cafés, où certains habitués ont l'habitude de se réunir et parler de leurs derniers exploits.

Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Esthel » Mer 1 Juin 2011, 21:23

( Un petit délire du soir ! )

- Je suis venu te soumettre une requête.
Je m’en souviens comme si c’était hier. Et ça l’était peut être quelque part, dans un autre univers, mais cela a-t-il vraiment une importance ? Je me souviens de lui, de ses yeux, des ténèbres tout autour de moi, des cris que j’entendais dans l’obscurité, de cette chaleur étouffante, et surtout de ma peur.
Oui, je n’ai plus honte de le dire aujourd’hui, j’avais peur. Moi, l’Exilée, la mortelle qui n’a pas hésité à braver les dieux et leurs interdits pour conquérir ce que je pensais être la Liberté, moi qui voyage des millénaires à travers les univers, qui explore le temps et l’espace, moi qui erre sur des chemins sans fins. J’étais complètement terrifiée.
Savez-vous ce qu’est la peur ? Cette sensation qui vous monte dans les tripes, cette douleur qui emplit votre esprit, détruisant toutes vos barrières pour vous ronger de l’intérieur. Vous appelez votre maman, ne pensez qu’à vous terrer dans le moindre trou, à attendre comme un enfant que le cauchemar s’arrête, que le grand méchant loup disparaisse. Et pourtant, ce sentiment n’était rien comparé à ce que je ressentais face au Bélial en personne.

Il était là, devant moi. Gigantesque, et terrifiant. Beau également. J’étais dans son domaine, ce n’était pas la première fois que je m’y aventurais, il me connaissait, mais je ne l’avais jamais approché. Jusqu’à ce jour.
Je m’étais agenouillée. Les Enfers brûlaient autour de moi. Des geysers de flammes fusaient parfois dans les ténèbres. Je voyais des morts marcher tout autour, des ombres, des âmes damnées, les guerriers que j’étais venu chercher.
Il me regardait, et ses yeux dardaient des rayons glaçants. La chose fut il possible, il souriait.
- Parle, même si je connais déjà la question.
Sa voix était profonde, et se répercutait en échos sur tout le domaine. Elle était grave, mais étrangement mélodieuse.
- Mohja, l’arène, le Léviathan. J’ai besoin de combattants. Prête moi des âmes, je les inscrirais aux Jeux.
Il rit, et son rire me perça les entrailles. Pourtant, je tins bon. Il fallait qu’il accepte. Je jouais ma destinée en cet instant.
- C’est encore plus drôle de te l’entendre dire. Toi, Esthel, le fléau des Dieux, l’Exilée, maîtresse du Léviathan, la Destructrice de mondes, tu veux t’amuser à jouer avec de vulgaires mortels ? Quel est ton but, il m’est caché et ça m’intrigue.
- Je m’ennuie. J’ai tout vu, j’ai tout visité. Le temps, les univers, l’Avant, l’Après, je connais tout, et j’en ai assez de me repasser les matchs de ligue 1 en boucle. J’ai besoin de nouveauté. Tu le connais, Mohja. Son arène défit les lois de la causalité, moi-même ne peux prédire ce qui va se passer. Il existe sans exister. Son arène est une erreur dans le temps, un bug, un point qui n’aurait pas dû être. Elle est hors de la fatalité, et c’est là tout l’intérêt. Me trompe-je en pensant que ça t’intrigue aussi ?
Je jouai mon va-tout. Bélial restait un dieu, même s’il restait enfermé en Enfer. Je ne pouvais me comparer à lui.
Je le sentis frémir, remuer. Il effaça son sourire, et me répondit, d’un ton presque lassé.
- Tu te trompes. Je vois dans cet avenir. J’y vois la mort de centaines de guerriers, j’y vois le sang, la peur, les larmes, et Barracuda. J’y vois aussi ma mort.
Je levai les yeux.
- Alors, ça signifie que… ?
- J’accepte. Peu importe tes raisons et tes projets secrets. Je te suivrai, et quand je ne serais plus, continuerai à te regarder. Etonne-moi. J’incarnerai une partie de mon esprit pour t’aider. Il y a un combattant qui m’intéresse et je veux le tester. Urselius, un héros Atlante, un Immortel. Je veux m’amuser avec lui. Jusqu’à mourir des mains d’un certain Guts. Choisis tes premiers guerriers.

Tout a commencé à ce moment là. J’ai quitté l‘Hadès, me suis réveillé dans le Léviathan, et ait commencé les derniers préparatifs visant à recueillir les âmes perdues. Mes milliers d’esclaves-ingénieurs ont travaillé jour et nuit, pendant des semaines et finalement ont pu me présenter les corps terminés. Et le voyage a pu débuter. Les âmes sont arrivées, une par une. Le Bélial fut le premier. Le roi des Enfers s’était incarné dans notre univers.
Il avait faibli, ce n’était qu’une partie de son esprit, mais il restait tout de même redoutable. Son corps était beau, une véritable œuvre d’art. jeune, musclé, neuf pieds de haut, des ailes de jais magnifiques, et toujours ce regard.
Il hurla et la galaxie toute entière trembla.

Puis vint Hector, l’Eternel Perdant, qui réclamait vengeance depuis des millénaires. Bélial grogna quand je le ramenai à la vie.
- T’étais obligé de le choisir, lui ? Il arrête pas de gueuler et de chialer comme une gonzesse… j’espérais avoir quelques mois tranquilles loin de ses jérémiades…
Benkei, le fier défenseur de Yoshitsune. Mes ingénieurs ont crée un corps de démon pour lui, semblable à celui de Bélial, mais en plus massif et carré.
Sylve fut l’exception. Elle n’était pas morte. Alors que nous traversions les espaces infinis pour rejoindre la planète de Mohja, le radar du Léviathan capta une forme de vie à proximité d’un trou noir.
- Impossible. Quel créature peut survivre dans un tel environnement ?
Avant qu’elle soit happée, nous l’avons recueilli. Ce n’était au départ qu’un feu follet, mais qui a rapidement grandi dans nos cuves de soins pour devenir une belle jeune femme. Sylve, l’esprit des forêts de la Terre aujourd’hui disparue. Libérée au moment où le dernier arbre fut coupé, elle a erré dans l’univers à l’état de pure énergie pendant des âges et des âges. Après une courte discussion, elle accepta de se battre pour moi dans l’arène. Je l’ai sauvé, elle allait mourir de toute façon. Je lui ai promis de lui rendre la liberté si elle survivait aux Jeux.

Quatre guerriers. Quatre combattants. Nous arrivâmes enfin sur la planète de Mohja. Le Léviathan, grand comme une ville resta en orbite, pendant que nous pénétrâmes dans la Tour. Quelques bretteurs faisaient déjà parler d’eux à l’époque. Vieux Rusé, Big Bastard, Gottri en étaient les leaders, le reste était surtout constitué d’amateurs qui luttaient en basse classe.
- Regarde celle-là. Alphonse Danlta. Elle ne paye pas de mine mais elle ira loin, crois moi. Et lui, le petit gros là va développer une schizophrénie. Il s’appelle Raymond ou quelque chose comme ça…
Mais Bélial le cherchait. Il était venu pour Urselius. Il se moquait des autres.

L’Agora était animée, il y avait des monstres issus du folkore, des super-héros en collants moulants, des chevaliers au port noble, des elfes, des hobbits, des femmes voilées, des géants de pierre, mais mon regard fut attiré par un étrange personnage assis dans un coin , les yeux fixés sur un petit écran de poche, tout seul. Il avait une bouteille d’huile dans la main. Hector s’approcha de lui.
- De l’huile d’olive ? Dans mon pays, on en fabriquait aussi. Mon père avait d’ailleurs les meilleurs oliviers de tout Troie et…
Un regard de l’homme suffit à faire taire mon gladiateur.
Je risquai un coup d’œil sur l’appareil. Des combattants nus semblaient se battre, ou faire l’amour, sur des rings vétustes. Des catcheurs antiques.
- L’entraineur Oxyres est attendu par le Fils de Mohja dans la salle de bain de la maison de retraite des Vieux, l’entraineur Oxyres…
Une annonce diffusée par les haut-parleurs surpassa les autres bruits. L’homme se leva, et je le reconnus enfin. Il était passé sur Pink-Channel il y a quelques jours. De longs cheveux, une barbe épaisse, un corps d’Apollon. Oxyres l'Ostrogoth, entraineur des Berberes. Il passa devant moi, et ne chercha même pas à me séduire. Il soupira, ferma son enregistreur de poche, regarda une dernière fois l’écran géant où combattaient des barbares surboostés aux implants et prit l’ascenseur. Je ne me doutais pas encore qu’il deviendrait l’amant le plus fougueux que je n’eut jamais connu.

Je m’inscris ensuite. Mohja était toujours à la recherche de sang frais. Le clan des Larmes de Sang recrutait, je n’hésitais pas. Mehrorn, un ogre barbu et grand fan de Bernard Minet était mon arrière petit-cousin issu de germain, et je fus étonnée de le retrouver ici. L’aventure pouvait débuter. Les premiers tirages des combats allaient avoir lieu. Ce n’est que le début de l’histoire. Je me souviens de ces premiers jours, des premières défaites, des premiers kos, du rire de Bélial quand il se prenait des coups. Le roi des Enfers s’amusait. Hector avait retrouvé une pâle copie d’Achille, un clonage loupé et lui avait montré qui était le patron. Il ne pleurait presque plus. Je me plaisais bien ici. J’oubliais mon errance, j’obtins un poste dans le journal du coin, et j’en vins presque à croire que j’étais redevenue mortelle.

Le rêve continue, mais pour combien de temps encore ? Bélial est reparti dans son domaine, tué par Guts comme il l’avait prévu, emmenant Urselius et ses frères avec lui, des gladiateurs sont arrivés, d’autres sont repartis, mais je n’en oublie pas mon objectif. Je ne suis pas ici pour jouer, mon ambition est toute autre.
Mohja…
Dernière édition par Esthel le Mar 4 Déc 2012, 18:42, édité 1 fois au total.
Esthel
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Bacchai » Mer 1 Juin 2011, 22:38

Tu me pardonneras ce post humoristique, j'ai bien aimé ton texte, c'est très épique.
Moi j'dis, ça c'est de la superproduction !

Tout commence par une quête :
Je suis venu te soumettre une requête


Mes milliers d’esclaves-ingénieurs ont travaillé jour et nuit, pendant des semaines et finalement ont pu me présenter les corps terminés

Des milliers de figurants !

Il était passé sur Pink-Channel il y a quelques jours.

Des stars !

et j’en ai assez de me repasser les matchs de ligue 1 en boucle

De l'humour !

Urselius, un héros Atlante, un Immortel. Je veux m’amuser avec lui. Jusqu’à mourir des mains d’un certain Guts

Du suspense !

Son corps était beau, une véritable œuvre d’art. jeune, musclé, neuf pieds de haut, des ailes de jais magnifiques, et toujours ce regard

De l'amour :D

Je ne me doutais pas encore qu’il deviendrait l’amant le plus fougueux que je n’eut jamais connu

Du sexe :o

Impossible. Quel créature peut survivre dans un tel environnement ?

Des alliés surpuissants !

Et lui, le petit gros là va développer une schizophrénie. Il s’appelle Raymond ou quelque chose comme ça…

Des méchants super méchants !


Le Léviathan ! Bientôt dans les salles !




Et bientôt le Léviathan II le retour
Le rêve continue, mais pour combien de temps encore ?
Bacchai
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Elhyareno » Mer 1 Juin 2011, 23:17

Ça me rassure, j'suis pas le seul à écrire du background sur mon équipe.


En tout c'est très agréable à lire.
Elhyareno
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede shedu » Jeu 2 Juin 2011, 00:48

Un grand coup de chapeau je suis un grand fan des backgrounds fouillés.

Et Grace à toi je me suis replongé au debut de Challengers, lorsque je servais de punching-ball aux autres écuries. :bash:
shedu
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Syrdahar » Jeu 2 Juin 2011, 08:44

C'est avec plaisir aussi que j'ai lu l'histoire de ton écurie. Challenger n'est pas qu'un jeu, il est une semi réalité.
Syrdahar
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Esthel » Mar 29 Nov 2011, 20:48

Comment il était trop bien ce texte... Y a pas à dire, je suis doué quand même... Il y a même Barracuda dedans ! Ca me donne envie d'écrire la suite ! Léviathan, épisode 2, bientôt sur vos écrans.
Esthel
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Bacchai » Mar 29 Nov 2011, 21:13

Owiii ! La suite !
Bacchai
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede blue » Mer 30 Nov 2011, 00:34

Trop bon à relire, continue tant que tu veux!
blue
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Esthel » Mer 5 Déc 2012, 18:50

( Vous vous êtes tous demandé pour quelles raisons j'avais quitté le jeu pendant trois mois, laissant mon compte tourner à vide, et où j'avais bien pu passer pendant tout ce temps ? Les réponses dans ce petit texte.
Et j'en profite pour dire, que oui, j'avais abandonné l'Agora pendant presque un an, me contentant des forums du clan, par peur de me prendre des piques, de me faire insulter à chaque fois que je postais un message, par démotivation peut-être aussi, mais aujourd'hui et -depuis que je suis revenu, vous m'avez assez entendu- que j'ai bien l'intention de le redynamiser, et de reprendre mes anciens projets là où je les avais laissé. Comme je viens de dire à Mohja, il a crée un univers, mais c'est aux joueurs de lui donner une consistance. Il y aura pas mal de surprises dans les semaines qui viennent... j'espère que ça vous plaira.)

- Ils sont morts, ils sont tous morts !

Je crie, je pleure, je hurle. Je m'arrache des cheveux, réduits en lambeaux mes vêtements, frappe les murs de mes poings nus, et pendant ce temps, il me regarde, assis sur un fauteuil non loin, une cigarette dans le coin de la bouche, souriant.

- C'est le combientième ? Septième, huitième... ? Et c'était quoi son nom déjà ?
- Neuvième. Jeanne. C'était Jeanne...

Je reprends mon souffle, et m'assois sur le lit, la tête entre les mains. Je tremble, je tremble terriblement, sans pouvoir m'arrêter.

- Et maintenant, qui la remplacera ? Qui vais-je aller chercher ? Des échecs, tous des échecs... j'en connais un qui doit bien rigoler dans ses Enfers.
- C'est lui qui m’envoie d'ailleurs. Il veut te parler, Esthel. Il s'impatiente. Mohja est toujours en vie, à ce qu'on dit ?
- Pas si fort. Même ici les murs ont des oreilles... Que veut Bélial ? Ça ne peut pas attendre ? J'ai des affaires qui pressent.

Un seul de ses regards suffit à me ramener à un plus juste comportement. Xavier, le majordome des Enfers... Ses yeux flambent, l'air s'alourdit d'un coup, la puissance de son maître coule à l'intérieur de ses veines.

- C'est bien. On peut laisser le Léviathan ici. Nul besoin de prendre tes esclaves aussi, ils pourront continuer à se battre sans toi. Et si un d'eux crève pendant ton absence... tu as l'habitude, non ?

Je lui jette un vase au visage, mais il l'esquive d'un simple mouvement de la tête. Les roses s'écrasent contre le mur et tombent à ses pieds. Il se lève soudain, et marche dessus. Je prends ça comme une menace à peine déguisée.

- On y va.
- Quoi ? Tout de suite ? Dans cette tenue ? Et mon écurie, mon clan ? Laisse-moi le temps de les prévenir au moins !
- Pas le temps. Après ce qui s'est passé, tu n'es plus en mesure de me donner des ordres, l'Exilée.

Je veux le frapper, lui tordre le coup, l'entendre rendre son dernier souffle, sentir son sang couler de mes mains... mais il a raison. Je ne suis plus que l'ombre de celle que j'étais. J'ai perdu, j'ai tout perdu, et il n'y a qu'un seul être dans tous les univers capable de me faire redevenir Esthel, l'Indomptable, la Destructrice de Mondes.

Il se retourne soudain, un sourire, et d'un simple geste, ouvre une brèche à travers les dimensions. Une porte noire donnant sur les ténèbres, une odeur, une pestilence qui monte dans ma petite chambre, des cris au delà, des hurlements. Nous pénétrons là où nul ne souhaiterait poser le pied.


C'est un univers gris, parfois ponctué d'étranges notes de rouge. Des flammes s’élevant haut dans le ciel privé d'étoiles, des coulées de lave, des explosions... Je reconnais cet endroit, je me souviens de ce fleuve que nous longeons, l'Acheron, tout comme de ces milliers, de ces millions de fantômes qui se suivent dans l'immensité de ces terres désolées. C'était il y a plus de deux ans, si proche mais en même temps si lointain. J'arrivais en ces lieux, fière et pleine d'ambitions, orgueilleuse, prête à demander au Roi des Enfers en personne de me confier des âmes. On était sur le même plan, on se comprenait, et maintenant ? Je reviens en rampant, comme une mendiante. Une domestique.
Ils sont morts, ils sont tous morts... tous les vaillants combattants qui auraient dû m'amener à mon objectif. Benkei, Miyamoto Musashi, la vaillante Nellie Oleson, le terrible Gilgamesh, l'idée de Patrick Bateman... ils sont ici tous, parmi le flot ininterrompu des damnés, à la place qu'ils n'auraient jamais dû quitter. Je leur ai promis la gloire, la richesse, monts et merveilles, pour au final les perdre. Dans cette arène que j'ai sous-estimé, à cause de lui...

- Mohja...

C'est la haine qui me donne la force de continuer. Après des siècles d'errance, je l'avais enfin retrouvé, il ne me suffisait que tendre le bras pour réclamer ma vengeance, mon dû. J'aurais pu bombarder sa cité avec le Léviathan, détruire ses Jeux, son monde, déchaîner toutes les forces de l'univers contre sa misérable existence, mais non... j'ai préféré la jouer fine, le rejoindre, prendre une autre apparence, m'intégrer... pour au final pouvoir mieux l’assassiner ? Tout a échoué cependant... mes plans, mes castors ninjas, mon alliance avec Salem, avec la Shinra Corp (à suivre dans le prochain bouquin à paraître un jour : La Première Fantaisie !), le virus Askook... mais rien, rien n'a réussi à le terrasser ! Et Mohja est plus puissant que jamais, je n'ai même jamais réussi à l'approcher.
Existe t-il encore au moins ? Est-il toujours vivant, ici, dans cette dimension ? Oui, bien sûr que oui, je me suis promis qu'il payerait... il ne va pas s'en sortir comme ça. Je le poursuivrai, je détruirai tout son royaume, tout ce en quoi il croit. Et j'apporterai sa tête à Larissa.

- Nous y sommes, prépare toi.

Une montagne. Une gigantesque montagne. Si haute que son sommet est perdu dans la brume opaque qui forme le ciel de cet étrange continent. Des portes d'acier, des remparts, des gargouilles. Leurs ailes battent quand elles me voient arriver. Le palais du Maître, la forteresse imprenable de Bélial.
L'air est lourd, des vapeurs de souffre montent dans l'atmosphère, d'étranges ombres courent sur les murs, sur le sol, elles me frôlent, elles me touchent, elles me murmurent des paroles insensées. Je les repousse d'un revers de main.
Les battants de bois s'ouvrent tandis que Xavier s'avance. Je le suis à l'intérieur du château.
Il n'y a personne, aucun garde, car nul ne peut pénétrer en ces lieux sans être invité.
Qui le voudrait d'ailleurs ? Qui oserait affronter le Cerbères et entrer de son plein gré dans l'endroit où tout s'arrête ? A part moi bien sûr...

Des couloirs de pierre, des statues terribles, un parfum de fer, du métal ou des rivières de sang, et toujours ces cris, ces gémissements. Les parois tremblent sous le cri de ces hurlements. Ils proviennent de partout, des caves, des salles de torture dans les souterrains, des à-pics rocheux où des pauvres hères se font continuellement arracher les yeux par des vautours décharnés. Ici, personne ne peut mourir, tout le monde est mort, et il n'y a rien d'autre qui compte que la souffrance.
Le majordome, son petit costume taillé, propre sur soi, me précède dans ces vestibules, sa forme paraissant bien ridicule face à la majesté et à la terreur de l'endroit. Ce n'est pas la première fois que je viens ici, je connais chaque recoin de l'édifice, chaque salle, chaque cachot, j'y ai vécu à une époque, à l'époque où j'étais l'amante du Maître, il y a des éternités de cela.

Et soudain, des colonnades, et un trône tout au fond. Un pont au dessus d'un abyme. Des geysers de flammes montent de ce dernier, léchant le plafond pour retomber en pluie. Et derrière Bélial, un autre puits sans fond, une fenêtre ouverte sur le néant.
Le grand démon me regarde, immense, sur son trône d'acier. Je me sens petite, si frêle, si fragile, mais je ne le crains pas. Je l'ai déjà affronté. Il sait qu'il ne peut rien me faire.

- L’Exilée... alors te voilà enfin. Je t'attendais. Tu peux disposer Xavier, merci de l'avoir amené. Prépare lui ses appartements également. Notre invité risque de quelques temps en notre compagnie...

Je ne réponds pas. Invitée ? Prisonnière plutôt. Mais je verrai plus tard, j'ai d'autres questions à poser avant.

- Pourquoi m'avoir appelé ? Tu sais très bien que j'ai un clan à gérer, et demain Achille a un combat et...
- Ta petite vie ne m'intéresse pas, Esthel. Tu m'avais promis des âmes, où sont-elles ? Et où est ce Mohja ? Ça fait plus de deux ans ! Et toujours rien !

Sa voix est comme un grondement de tonnerre. Mais je ne faiblis pas, je soutiens son regard, et devant mon silence, il continue :

- On avait passé un accord. Je t'aide, je te laisse puiser parmi les héros morts qui hantent ces lieux, et en échange, tu me nourris. Il y a des millénaires que je n'ai pas eu une bonne âme à dévorer. Crois-tu vraiment que je me satisfasses des broutilles que tu m'envoies ? Non, non ! J'ai eu Urselius, mais même lui commence à m'ennuyer. J'en veux plus, plus ! Ton ennemi par exemple ? Combien de temps avant qu'il ne passe mes portes et que je goûte à sa mortalité ?
- C'est plus compliqué qu'il n'y paraît... Il est sous bonne garde. J'ai besoin... j'ai besoin de nouvelles forces, de nouveaux guerriers pour donner le change. Je ne suis pas assez proche des hautes sphères. Mohja n'est qu'un fantôme pour l'instant, une rumeur. Je l'ai sous-estimé... deux ans, trois ans... J'ai des plans, fais-moi confiance ! Je l'aurai un jour, je l'aurai !

Il me sourit, et son simple rictus me fait bien plus frémir que n'importe lequel de ses hurlements. Il me surplombe, il se moque de moi, de ma faiblesse, de ma folie peut-être.

- Tu es faible, Esthel. Trop faible. Tu t'es affaiblie au contact des hommes. J'ai des armes pour toi, mais tu serais incapable de les manier. Pourtant... pourtant, tu n'es pas encore perdue. Comme j'ai dit à ce cher Xavier, tu resteras à nos côtés quelques temps. Trois mois exactement pour être précis. Tu vas t’entraîner, et quel meilleur endroit que l'Enfer pour cela ? Tu mourras certainement plusieurs fois en chemin, mais si tu n'abandonnes pas, tu en sortiras grandie. Ou détruite à jamais ? En tout cas, tu m'intéresses. Ton cas m'a toujours intéressé. A mes côtés, tu redeviendras celle que tu étais.

J'ai peur. Tout à coup, j'ai peur, mais un sentiment inédit s'empare en même temps de moi. Je sens une chaleur dans mon ventre, qui monte jusqu'à mon cœur. Une impatience. Une flamme qui grandit, grandit et irradie mon être d'une fureur, d'une rage que je pensais avoir oublié.
Je m'agenouille devant Sa Majesté Bélial.
Dernière édition par Esthel le Ven 7 Déc 2012, 11:49, édité 1 fois au total.
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Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Aspic » Mer 5 Déc 2012, 19:48

Chouette texte :clap:
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Dans l'arène c'est tuer ou être tué... Nous on a un peu de mal à choisir :mrgreen: (69 victimes, 43 combattants au cimetière).
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Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede jacky » Mer 5 Déc 2012, 20:40

Joli !

C'est avec Fonz qu'il aurait du passer le pacte s'il voulait récupérer des âmes des défunts...
Jacky, fondateur des Jacky Brothers, entraîneur de la GF.Corp.

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Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede olkar » Mer 5 Déc 2012, 22:04

Très belle histoire :clap: ...enfin si s'en est une :youwell:
olkar
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Malboro » Mer 5 Déc 2012, 22:33

Chapeau bas Esthel, très sympa à lire et ça fait plaisir de voir d'autres RPiste !
Malboro
 

Re: Léviathan, l'histoire véritable.

Messagede Dragon » Jeu 6 Déc 2012, 08:47

Sympathique :youwell:

Mais faudrait la suite à présent!

Histoire de connaitre l'histoire des recrues qui ont suivi :roll:
Dragon
 


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